• Introduction




    1)    Le Congrès de Vienne

    Après la Campagne de France, l'invasion des "alliés" et l'abdication de Napoléon qui s'en suivi en avril 1814, les puissances d'Europe s'étaient réunies à Vienne à partir du 1er novembre 1814.

    Les représentants de la Grande-Bretagne,de  l'Autriche, de la Prusse, de la Russie, y compris de la France, étaient réunis pour "négocier" la refonte de l'Europe profondément bouleversée par les guerres de  la Révolution Française et de l'Empire napoléonien. Les principautés de Liège, de Trèves, Cologne, Mayence, les Pays-Bas méridionaux, la Hollande, la Bavière, le Grand-Duché de Bade, la Pologne et l'Italie posaient problèmes.


    Depuis le premier traité de Paris du 30 mai 1814, les grandes puissances maintenaient une force armée de 75.000 hommes chacune, en attendant les décisions des négociations du Congrès de Vienne. Les britanniques soutenait la formation d'un état tampon au nord de la France qui garantirait en particulier l'indépendance du port d'Anvers vis à vis de la France ou de la Prusse; ainsi fut créé le royaume des Pays-Bas sous la maison d'Orange-Nassau et du roi Guillaume 1er.
    Les Pays-Bas du nord avaient été libérés des Français fin 1813 par le corps d'armée prussien du général von Bülow, le contingent russe de von Benckendorff et celui du britannique Graham.

    A partir de mai 1814, les 8000 britanniques de Graham restèrent en Belgique à l'ouest de la Meuse, rejoints par des troupes Hanovriennes du général von Alten, payées par Londres, afin de maintenir l'emprise sur le port stratégique d'Anvers.


    La Prusse s'était chargée de la responsabilité politique de la région à l'est de la Meuse, entre Meuse, Moselle et Rhin. Au quartier général de Düsseldorf, von Nollendorf commandait  30.000 prussiens et 14.000 saxons.


    A partir du 1er août 1814, Guillaume 1er d'Orange-Nassau est officiellement gouverneur général de la Belgique, puis au retour de Napoléon, il se proclame roi des Pays-Bas (du sud et du nord) et donne à son fils de 21 ans le titre de Prince d'Orange. Ce dernier avait été l'aide de camp de Wellington en Espagne, il avait le grade de général, et il succéda au général Graham comme commandant en chef des troupes britanniques et hanovriennes aux Pays-Bas (secondé par le général Clinton).

    2)    Le retour de Napoléon, les 100 jours

    A la mi-février 1815, Napoléon pris la décision de quitter son exil forcé de l'ile d'Elbe.  Il s'embarque le 26 février avec un millier de soldats, les généraux Bertrand, Drouot et Cambronne.

    Ils débarquent à Golfe-Juan le 1er mars et commencent une marche forcée par Cannes, Grasse, Sisteron, Gap et Grenoble qu'ils atteignent le 7 mars.
    Napoléon est à Lyon le 10, à Chalon-sur-Saône le 14. Le maréchal Ney, chargé par Louis XVIII de le stopper, se rallie finalement à lui. Renforcé par les soldats du général Gérard à Avallon, de Bugeaud puis ceux de Ney à Auxerre le 18, Napoléon entre dans la capitale le 20 mars. Le roi est parti pour Lille le 19 et quittera la France pour Ostende le 23 et Gand le 30 mars.

    Après ce coup d'état sans effusion de sang, Napoléon forme rapidement un gouvernement avec entre-autre le Maréchal Davout au ministère de la guerre. L'expectative domine chez la majorité des Français, les notables sont réservés, il a le soutient des soldats mais de nombreux maréchaux et généraux font défection.

    Napoléon doit faire face aux poches de résistance dans le pays:
    En mars, la duchesse d'Angoulême mène la fronde royaliste en Gironde. Le duc, neveu de Louis XVIII, forme une armée à Marseille jusqu'au 9 avril.
    L'ordre de mobilisation des gardes nationaux le 9 avril déclenche l'insurrection de la "petite chouannerie" d'abord en Bretagne, en Loire inférieure puis en Vendée en mai.

    A l'extérieur, le péril est  imminent, les souverains coalisés (Angleterre, Prusse, Autriche, Russie) refusent toute négociation et toute relation avec Napoléon.

    Dès le 13 mars, les Alliés se sont engagés "à mettre sur pied toutes leurs forces contre Bonaparte et sa faction afin de le réduire désormais à l'impuissance de troubler le repos de l'Europe". Paradoxalement, le retour de Bonaparte fait resserrer les rangs chez les Alliés pourtant au bord de la rupture à Vienne.

    De fait, le 25 mars, la Grande-Bretagne, la Russie, l'Autriche et la Prusse reforment par traité une 7ème Coalition, qui a pour objectif de détrôner Bonaparte par des moyens militaires.

    Le 19 avril, l'invasion de la France est décidée pour le 1er juin,  plusieurs armées de 150.000 hommes devant converger sur Paris:

    • de l'est par Bâle l'armée autrichienne de Schwarzenberg et la russe de Barclay de Tolly par Sarrebrück;
    • du nord l'armée britannique de Wellington de Bruxelles par Mons
    • et l'armée prussienne de Blücher de Namur via Charleroi et Laon(1) .

    L'invasion est ensuite repoussée au 1er juillet.


    3)    L'état de l'armée française au début de l'année 1815.

    Selon les archives militaires, au 15 janvier de l'année 1815, les effectifs disponibles de l'armée étaient de 178.000 hommes pour un total théorique de 267.000(2) . (128.000 hommes disponibles dans l'infanterie, 31.000 dans la cavalerie et 18.000 pour l'artillerie et le génie).

                                                                   Répartition des effectifs militaires au 15 janvier 1815

    Introduction


    Au premier mars les effectifs de l'infanterie et de la cavalerie présents sous les drapeaux ont même été divisés par deux, amenant l'armée de ligne à seulement 94.000 hommes(3).                              

                                     Effectifs militaires de l'armée de ligne et de l'armée extraordinaire entre janvier et juin 1815

    Introduction

    Ainsi à son retour de l'ile d'Elbe, l'Empereur trouve sous les armes moins de 100 000 hommes de l'armée royale.
    75 000 soldats en disponibilité ou congé rejoignent l'armée en avril, ainsi que 15 000 volontaires.

    Napoléon pourra ainsi compter au mieux sur 212 000 hommes aguerris début juin.
    Le territoire étant menacé, le ministre de la guerre mobilisera la Garde Nationale, soit un peu plus de 100 000 hommes affectés à la défense intérieure des places fortes, ainsi que plus de 60 000 anciens militaires, chasseurs alpins et autres canonniers pour la surveillance et défense des frontières.
    Enfin, la conscription de la classe 1815 permettra la levée de 120 000 jeunes recrues qui ne combattrons pas en Belgique et serviront dans la réserve générale.


    Le recrutement des troupes et leur stationnement s'est réalisé au niveau d'une vingtaine de grandes "divisions" ou régions militaires regroupant plusieurs départements. (Il y en avait 32 en 1812 dont 10 dans les nouveaux départements  et 22 divisions en 1815(4) )

                                                                     Carte des Divisions militaires en 1814-1815(5)

    Introduction



    L'armée de l'époque Napoléonienne (et de la 1ere Restauration) est constituée de forces terrestres composées d'unités d'Infanterie, de Cavalerie et d'Artillerie, auxquelles s'ajoutent le Génie, le Train et l'Etat-Major.

    Durant la 1ere Restauration et l'année 1815, l'armée compte 105 régiments d'infanterie et 57 de cavalerie.

    Chaque régiment d'infanterie regroupant 2 à 5 bataillons de 600 hommes et officiers environ.

    Chaque régiment de cavalerie regroupant 2 escadrons de 150 cavaliers et officiers;

    Deux régiments formaient une brigade, et deux brigades une division. (soit 3000 à 7000 hommes par division selon le nombre de bataillon et leurs effectifs: régiment à 2 ou 3 bataillons, bataillons complets ou non)

    On trouve également dans l'ouvrage de Henri Couderc de St Chamant de 1902, "Napoléon ses dernières armées" les listes des  régiments des différentes armes, leurs villes de dépôt, leurs effectifs le 1er janvier 1815.

    Le regroupement de ces données par département puis par région militaire de l'époque permet d'obtenir le tableau de synthèse ci-dessous. Les effectifs sont donnés hommes de troupe et officiers inclus, sans que l'on sache s'il s'agit d'effectifs théoriques ou disponibles à cette date.

     

    Introduction

     


    4)    Les armées françaises des 100 jours.
     

    Dès son retour dans la capitale, l'Empereur entreprend avec Davout, son ministre de la guerre, le renforcement des effectifs de l'armée héritée des royalistes.

    • La centaine de régiments d'infanterie est répartie en 25 puis 28 divisions

     

    • A partir du 26 mars, Napoléon reforme 7 Corps d'Observation aux frontières et un Corps de réserve à Paris :

      1er Corps à Lille                   (D'ERLON)     = 16 Régiments d'Infanterie et 6 de Cavalerie
      2ème Corps à Valencienne (REILLE)        = 16 RI & 3 RC
      3ème Corps à Mézières       (LEBRUN)      = 12 RI & 6 RC
      4ème Corps à Thionville     (GERARD)      = 12 RI & 6 RC
      5ème Corps à Strasbourg    (SUCHET)      = 12 RI & 6 RC
      6ème Corps à Chambéry     (DESSAIX)     = 16 RI
      7ème Corps des Pyrénées   (CLAUSEL)     = 12 RI & 3 RC
      8ème Corps à Paris              (LOBAU)         =   9 RI & 3 RC
      plus une cavalerie de réserve de 24 régiments (12 Cuirassiers, 12 Dragons)
      soit un total de 105 régiments d'infanterie et 57 de cavalerie qui regroupent théoriquement 240 000 hommes  environ. Les régiments ne comprenaient que leur deux premiers bataillons, et pas au complet.
       
    • Le 31 mars, les 6è et 8è corps permutent.(le Corps de Dessaix à Chambery devient le 8éme)

     

    • Les menaces aux frontières de l'Italie, de la Suisse, de l'Allemagne, de l'Espagne, l'agitation royaliste en Provence et surtout en Bretagne obligent Napoléon à modifier l'organisation et la répartition de ses troupes;                           De plus celui-ci possèdent également des informations sur les plans d'invasion des alliés dès le courant d'avril.

     

    • Par décret du 30 avril 1815 les Corps d'Observation deviennent des Armées:

      1er, 2ème, 3ème, 6ème Corps & la réserve de cavalerie = Armée du Nord

      4ème Corps = Armée de Moselle (Général GERARD)

      5ème Corps = Armée du Rhin  (Général RAPP)

      7ème Corps = Armée des Alpes (Général SUCHET)

      et formation de 3 puis 4 nouveaux Corps d'Observation:

      1er Corps d'observation du Jura  à Belfort      (Général LECOURBE)  = 18e division de 9 bataillons

      2ème Corps d'observation du Var  à Chambéry  (Maréchal BRUNE) = 24e & 25 division soit 16 bataillons d'infanterie, 3 escadrons de chasseurs, 6 bataillons de Gardes Nationaux.

      3ème Corps d'observation des Pyrénées orientales  (Général DESSAIX)  = 8ème Corps d'observation de Chambery  = 26e division de 11 bataillons, 3 escadrons de chasseurs 

              4ème Corps d'observation des Pyrénées occidentales  (Général CLAUSEL)

    • Puis en mai, des troupes sont prélevées dans différents corps pour constituer une "armée de la Vendée" sous le commandement du Général Lamarque face aux royalistes de l'ouest.
       

    En plus du manque d'effectif, l'un des problèmes de cette nouvelle armée des 100 jours a été l'encadrement:

    Beaucoup d'officiers ayant ralliés Louis XVIII ne furent pas conservés ou refusèrent de renier leur serment au roi.

    Au plus haut niveau, seulement trois maréchaux participèrent directement à la campagne de 1815.
    Berthier, Marmont, Victor avaient suivi Louis XVIII à Gand. Augereau et Pérignon furent radiés. Kellermann, Gouvion Saint-Cyr, Sérurier, Oudinot furent jugés peu sûr. Moncey préféra ne pas reprendre du service. Lefebvre était trop âgé, Masséna était blessé, Mortier malade. Napoléon ne voulait pas de Murat après son "cavalier seul" napolitain.

    Il restait Jourdan qui dirigea la place de Besançon, Brune au 9ème corps du Var, Davout au ministère de la guerre, enfin Grouchy, Soult et Ney qui seuls accompagnèrent Napoléon en Belgique.
    Soult fut curieusement nommé Chef d'Etat-major mais il n'eut pas l'efficacité de Berthier. Beaucoup lui imputent les nombreuses erreurs de transmissions, cafouillages et problèmes de liaisons.
    Michel Ney était connu pour sa bravoure mais certainement pas pour son génie stratégique; Napoléon ne se résout à l'employer qu'au dernier moment de la campagne, faute d'autre meneur d'hommes(8) .
    Emmanuel de Grouchy, le dernier maréchal nommé par Napoléon, avait été longtemps l'adjoint de Murat et savait manœuvrer les grandes masses de cavalerie.
     


     

     

    Sources et notes:

    (1) Lentz, Thierry, Nouvelle histoire du Premier Empire. IV. Les Cent jours (Paris 2010) 462
    (2) Henri Couderc de St Chamant , "Napoléon ses dernières armées", Paris, 1902,  p475 (selon les archives militaires)
    (3) Bonaparte - "Mémoires pour servir à l'Histoire de France en 1815" - Paris - 1820
    (4)  la 17ème division militaire était celle d'Amsterdam jusqu'au début  1814, et n'existe plus en 1815.
    (5) Par le Traité de Paris de 1814, le territoire français est amputé de l'est  de la Savoie, ainsi que de tous les nouveaux départements . En revanche, les départements des Ardennes, de la Moselle et du Bas-Rhin étaient encore un peu plus étendus vers le nord et comprenaient Philippeville,  Sarrebruck et Landau respectivement.

    (6)  Henri Couderc de St Chamant , "Napoléon ses dernières armées", Paris, 1902,  p475
    (7)  "Mémoires pour servir à l'histoire de France en 1815, sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène, par les généraux qui ont partagé sa captivité " - Paris - 1820
    (8)  Le jugement à posteriori de Napoléon est sévère: "Ney n'avait pas d'esprit, ni de courage moral... je n'aurais jamais dû le nommer maréchal...c'est un hurluberlu...un homme à vous ouvrir le ventre, s'il avait avantage..."

     

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