• L'aile droite: la bataille de Ligny

    Entre Fleurus et Ligny, le terrain est une vaste plaine "mollement ondulée" dans laquelle court la rivière "La Ligne" d'ouest en est, une rivière de moins de 2 mètres de large et dont les berges sont hautes d'un mètre à un mètre cinquante.

    Plusieurs petits villages et hameaux se trouvent le long de ce ruisseau:
    Wagnelée, Le Hameau, La Haye, Saint-Amand, Ligny, Potriaux, Tongrenelle, Boignée et Balâtre.
    Un gros chemin de terre mène de Fleurus à la route pavée Namur-Nivelles, au lieu dit Le point du Jour, à un centaine de mètres à l'est de Sombreffe.

    Cette position avait été reconnue dès le 22 mai 1815 par le major Gröben du QG Prussien, de ce fait Blücher et Gneiseneau avaient choisi leur terrain et savaient parfaitement comment disposer leur troupes:

    Depuis l'après-midi du 15, Blücher était à Sombreffe et à l'aube du 16, l'armée prussienne convergeait ou se trouvait déjà à Sombreffe comme le plan le prévoyait.

    Les positions initiales Prussiennes au matin du 16 Juin:

    1)  Le 1er corps Zieten avait pris position autour de Ligny.

    -  la brigade Steinmetz à Saint-Amand

    -  la brigade Pirch2 en reserve en arrière du moulin de Bussy

    -  la brigade Jagow dans le village de Brye

    -  la brigade Henckel dans Ligny

    2)  Le 2eme corps von Pirch1 était encore à 6 km sur la route de Namur et arriva à Ligny à 12h00.

    3)  Le 3eme corps Thielmann était encore à Namur (25km environ) et arriva à Ligny à 14h00.

    4) Le 4eme corps Bülow était en marche depuis Liège et se dirigeait vers Gembloux à 40 km environ (plus de 12 heures de marche).

     

    Mouvements des Français:

    Comme vu précédemment, les ordres étaient donc les suivants pour Grouchy sur l'aile droite:

    - prendre Sombreffe si possible

    - sinon attendre l'arrivée de l'empereur

    - ne pas utiliser la jeune Garde ni la division Girard du 2ème corps qui devra marcher ensuite sur Bruxelles.

    - le 4e corps de Gérard arrive de Châtelet.

    En réalité, Grouchy ne dispose au départ que de 16.000 fantassins et 6.500 cavaliers pour prendre Sombreffe avant l'arrivée de l'Empereur et de Gérard, ce qu'il ne tentera pas.

    Napoléon donne également en même temps une série d'ordres aux différents chefs de corps:


    1) Le général Lobau commandant du 6ème corps (parti le dernier de Beaumont et resté le soir du 15 au sud de Charleroi) doit positionner les 9.000 hommes de ces trois "petites" divisions du 6ème corps "à mi-chemin de Charleroi et Fleurus", faire garder Charleroi et faire diriger tous les blessés sur Avesnes.

    2) Le général Drouot (à Gilly) doit mettre en marche la Garde Impériale (18.000 hommes) pour Fleurus. Les 2.000 cavaliers légers de la Jeune-Garde de Lefebvre-Desnouettes sont déjà détachés auprès de l'Empereur.

    3) Le général Gérard commandant le 4ème corps (en principe parti de Philippeville mais arrivé tard la veille à Châtelet) doit diriger les 14.000 hommes de l'armée de Moselle de Châtelet vers Sombreffe en évitant Fleurus.

    4) Le général Vandamme commandant le 3ème corps doit se diriger sur Sombreffe.

     

    Napoléon donne à Grouchy un rôle de coordonnateur de l'aile droite en attendant qu'il arrive lui-même entre 10 et 11 heures pense-t-il, le temps pour Grouchy d'avancer de Lambusart vers Sombreffe.

    A ce moment Napoléon n'a pas prévu que les Prussiens étaient susceptibles de se rassembler en nombre à Sombreffe.
    Il pense y rencontrer uniquement un seul corps d'armée en retraite, les 30.000 hommes de Ziethen qu'il prévoit sans doute de bousculer avec les 31.000 hommes de Vandamme et Gérard, plus 8.000 de la cavalerie de réserve de Grouchy, appuyés sans doute par les 20.000 hommes de sa Garde.

    Napoléon quitte finalement Charleroi peu après 9h00, et trouve Grouchy à Fleurus entre 10h30 et 11h00 (1).
    L'armée de Moselle de Gérard n'est toujours pas arrivée de Châtelet.

    Napoléon monte dans le moulin de Naveau, en avant de Fleurus, pour se rendre compte de la situation: il voit le 1er corps de Zieten et peut être le 2ème corps de Pirch1 le long de la route de Namur.


    A ce moment, Napoléon dispose des 8.000 hommes de la cavalerie de réserve (les cuirassiers de Milhaud sont arrivés), les 17.000 hommes de Vandamme, et les 20.000 de sa Garde.


    De 11h00 à midi, Napoléon se contente d'observer l'ennemi (qui se renforce) en attendant semble-t-il le renfort du corps de Gérard.

    La veille au soir, le général Gérard était stationné à Châtelet, sur la rive sud, hormis la division Hulot qui a bivouaqué de l'autre côté à Châtelineau.
    Avant 8h00, Napoléon lui avait rédigé depuis Charleroi l'ordre de se rendre directement à Sombreffe:

    "Monsieur le comte, l'Empereur ordonne que vous mettiez en marche le 4ème corps d'armée et que vous le dirigiez sur Sombref, en laissant Fleurus à gauche, afin d'éviter l'encombrement..."

    Ce pli a dû lui parvenir avant 9h00.
    A la vitesse d'une colonne de fantassin (2.5 km/h), la distance de Châtelineau à Fleurus (8 km) aurait pu être couverte en un peu plus de 3 heures.
    Cependant la tête de colonne de Hulot et Gérard n'arrive à Fleurus qu'à 13h00, et le reste des divisions un peu plus tard ( selon les mémoires du capitaine François du 30e régiment de ligne de la division Pécheux, ceux-ci ont pourtant quitté Châtelet dès 4 heures du matin (*) )

    (*) Capitaine François, "Le journal d'un officier français - les cahiers du capitaine François - 1792-1815" Tours 1913.

     


    Du coté des Alliés, Wellington était parti de Bruxelles à six heures du matin, était arrivé vers 10 heures au carrefour des Quatre-Bras et aux environs de Frasnes à 10h30.
    Il écrivit au maréchal Blücher une lettre qui pouvait lui laisser entendre son soutient à Sombreffe:

    « Mon cher Prince
    Mon armée est disposée, comme suit :
    Le Corps du Prince d'Orange a une division aux Quatre-Bras, l'autre à Nivelle. La réserve est en marche sur Genappe, où elle arrivera à midi. La cavalerie Anglaise sera à la même heure à Nivelle. Le Corps de Lord Hill est à Braine-le-Comte (...)
    Je ne vois pas beaucoup d'ennemis devant nous et j'attends des nouvelles de votre Altesse pour décider des opérations pour la journée. Du côté de Binche on a rien vu.
    Votre très obéissant serviteur :
    Wellington ».

    daté : des hauteurs de Frasnes : le 16 juin 1815, 10 h 30.

    En fait, à 13h00, le Duc préfère s'entretenir directement avec le maréchal Blücher et le rejoint donc au moulin de Bussy accompagné de Muffling et Dornberg. L'entrevue ne dura qu'une demi-heure, et beaucoup pensent que Wellington promit son appui à Blücher. Il aurait dit en partant "et bien, je viendrais si je ne suis pas attaqué moi-même"

     

    L'ordre de bataille des prussiens:

    Blücher avait disposé initialement ses troupes de manière à pouvoir faire front dans n'importe qu'elle direction:

    1)  Le 1er corps de Zieten est disposé en première ligne à droite (à l'ouest) face au sud, dans Wagnelée, St Amand et Ligny.
    Steinmetz : à Bry, St Amand, les Hussards au nord de Wagnelée.
    Pirch(2): entre Ligny et le Moulin de Bussy.
    Jagow: à La Haye de St Amand, Ligny.
    Henckel: dans Ligny
    -  La cavalerie de Röder est en arrière de Ligny.


    2) Le 3eme corps de Thielman qui arrive de Namur occupe la gauche (à l'est) à Sombreffe, Tongrinne, Boignée, Balâtre.
    Borcke (9è brigade) est sur la chaussée à l'est de Sombreffe.
    Kemphen (10è brigade) est à Tongrine et Tongrinelle
    von Luck (11è brigade) est au carrefour sur la route venant de Fleurus
    Stülpnagel (12è brigade) est au lieu dit "le Point du Jour" sur la route de Gembloux.
    -  La cavalerie de Hobe se trouve entre Tongrine et "le Point du Jour".


    3) Le 2eme corps du général Pirch(1) est en seconde ligne disposé sur la route de Nivelles entre le carrefour avec la voie romaine (lieu dit "les trois burettes") et Sombreffe, avec la division de cavalerie sous les ordres du général Jürgass entre la route et Bry.

    Tippelskirch (5è brigade) est le plus à l'ouest au lieu dit "les trois burettes"
    puis successivement vers l'est:

    Krafft (6è brigade)
    von Brause (7è brigade) au nord de Bry
    - et von Langen (8è brigade) juste avant Sombreffe


    4) Le 4eme corps du général Bülow est encore en marche venant de Liège et n'arrivera pas à temps pour participer à la bataille.

    Compte-tenu des pertes de la veille, Blücher dispose alors d'environ 85.000 hommes et de 216 canons. (78.513 infantry, 11.209 cavalry, 4119 artillery selon de Witt)

     

    L'aile droite: la bataille de Ligny

    Carte de situation de la bataille de Ligny le 16 juin 1815 avant 15h00
    (position des corps d'armée et des différentes unités avant l'engagement)



    L'ordre de bataille des français:

    Dès leurs arrivées à partir de 13h00, les divisions du comte Gérard prennent place dans le dispositif:

    1) la division Hulot face à Tongrenelle et Sombreffe (face au nord-est)

    2) les divisions Pêcheux et Vichery sont placées face à Ligny (face au nord-ouest)

    3) les cavaleries de Pajol et Exelmans sont placées à droite de Hulot,

    4) le 3ème corps de Vandamme est face à Saint-Amand, avec les divisions Lefol et Berthezème en première ligne (face au nord-ouest)

    5) la division Habert dans le prolongement couvre Fleurus.

    6) la division Girard est face à St Amand, à gauche de Vandamme

    7) la cavalerie de Domon couvre également le flanc gauche de Vandamme.

    8) la Garde Impériale et la cavalerie lourde de Milhaud sont à Fleurus.


    L'aile droite placée sous le commandement du Maréchal Grouchy fait donc face au corps prussien de Thielman avec:

    •    Le 1er corps de Cavalerie du général Pajol,  soit 2.500 cavaliers
    •    le 2ème corps de Cavalerie du général Exelmans, soit 2.800 cavaliers
    •    les 4.000 hommes de la division Hulot (détachée du corps de Gérard)
    •    et la cavalerie légère de Maurin du corps de Gérard (665 sabres)


    L'aile gauche et le centre sont commandés par l'Empereur:

    A l'ouest (la gauche française):
    •    Les 3 divisions d'infanterie (Lefol, Habert et Berthezene) du 3ème corps de Vandamme, soit 9.500 hommes environ.
                plus la cavalerie (Domon) de 1.000 sabres

    •    La 7ème division Girard détachée du 2ème corps à la suite de sa poursuite de Steinmetz vers Heppignies la veille au soir,  soit 4.000 hommes.

    Au centre:
    •    Les 2 divisions d'infanterie (Pecheux et Vichery) du corps de Gérard, soit près de 9.000 hommes

    En réserve à Fleurus:
    •    à l'ouest, la Garde Impériale du général Drouot, soit  20.000 hommes,
    •    dont la Jeune Garde du général Duhesme, de  4.300 hommes, déjà sur place à Fleurus.
    •    à l'est, les 3.000 cuirassiers de Milhaud.

    Napoléon dispose donc de 61.000 hommes et 258 canons en début d'après-midi;
    Le 6ème corps du comte Lobau resté à Charleroi ne sera appelé qu'après 16h00 et ne sera finalement pas engagé.



    Après avoir assigné leurs positions aux troupes sur le champs de bataille, Napoléon dicte un ordre à Ney à 14h00:

    "En avant de Fleurus, 16 juin, 2 heures
    L'empereur me charge de vous prévenir que l'ennemi a réuni un corps de troupe entre Sombreffe et Brye et qu'à 2 heures et demie, le maréchal Grouchy avec les 3ème et 4ème Corps l'attaquera. L'intention de S.M. est que vous attaquiez ce qui est devant vous et qu'après l'avoir vigoureusement pressé, vous rabattiez sur nous pour concourir à envelopper le corps dont je viens de vous parler."

    Ainsi il semble qu'à ce moment Napoléon pense encore n'avoir face à lui qu'un seul corps d'armée prussien (35/40.000 hommes) qu'il peut anéantir maintenant qu'il dispose des deux corps de Vandamme et Gérard, d'autant plus si Ney vient l'épauler dans l'après-midi en prenant à revers la droite des prussiens.

    Mais dans la demie heure qui suit, Napoléon doit enfin réaliser que l'armée prussienne ne s'éloigne pas vers Gembloux  avec le corps de Steinmetz en arrière garde, mais qu'au contraire elle se regroupe autour de Sombreffe.
    Il retarde donc l'offensive d'une heure, sans doute pour mieux observer les dispositions de Blücher.
    Il estimera que la droite prussienne "était en l'air" et portera donc le plus gros de son attaque sur cette aile plus faible.

    Un quart d'heure après le début des combats, Napoléon dicte à Soult un second courrier au maréchal Ney à Quatre-Bras:

    "... Sa majesté me charge de vous dire que vous devez manœuvrer sur-le-champ de manière à envelopper la droite de l'ennemi et à tomber à bras raccourcis sur ses derrières. Cette armée est perdue si vous agissez vigoureusement. Le sort de la France est dans vos mains. Ainsi, n'hésitez pas un instant pour faire le mouvement que l'empereur vous ordonne, et dirigez-vous sur les hauteurs de Saint-Amand et de Brye".

    Il est maintenant question d'une armée et plus d'un seul corps, Napoléon compte vraiment sur un renfort venant de l'ouest, la totalité des forces de Ney ou pour le moins la division qu'il lui avait ordonner de placer à Marbais (2)  dans l'ordre dicté au petit matin: "...une division à Marbais, afin que je puisse l'attirer à moi à Sombreffe, si j'en avais besoin..." (3)

    Ce premier ordre du matin (n° 22058) avait dû parvenir à Ney à Frasnes vers onze heures, et avait pourtant été répercuté par Ney à d'Erlon vers 12h15.
    " ...les trois premières divisions du comte d'Erlon prendront position à Frasnes. La division de droite s'établira à Marbais avec la 2ème division de cavalerie..."

    Cependant aucune division du 1er corps français ne se trouvait à Marbais à 14h00 lorsque Napoléon la réclame à Ney...

    Il semble également que l'empereur ignore tout de ce qui se passe à ce moment à Quatre-Bras.
    Fleurus / Frasnes ou Quatre-Bras = 15 km
    Marbais / Brye  = 3 à 4 km

     

    Le déroulement des combats à partir de 15.00 h.

    L'offensive française débute enfin à 15h00 par trois coups de canon tirés par l'artillerie de la Garde.

    Les affrontements vont se dérouler pendant près de six heures simultanément sur trois sites:

    le village de St Amand et le hameau de La Haye
    le village de Ligny
    les environs de Tongrine

     

    à St Amand

    La première attaque a lieu sur St Amand et voit s'affronter les troupes de Lefol et de Steinmetz, avec plus tard le renfort de Berthezène.

    La brigade de von Steinmetz regroupait 3 régiments d'infanterie d'environ 2.400 hommes chacun (diminués des pertes de la veille),
          -  le 12ème RI Brandebourg
          -  le 24ème RI Brandebourg
          -  le 1er RI Westphalie , chacun à trois bataillons
          -  plus la batterie d'artillerie n°7 de 6 pièces et un régiment de cavalerie de hussard de Silésie.

    Deux bataillons de chacun des régiments( en tout environ 4.800 hommes) se tenaient en arrière de St Amand, les 12e et 24e en première ligne et le 1er Westphalie en seconde ligne.

    Les trois autres bataillons étaient répartis l'un à Bry (12e/3) les autres au château de l'Escaille (24e/3 & 1erW/2).

    Le 4ème RC de Hussards de Silésie et la batterie n°7 étaient positionnés au nord de Wagnelée sur l'extrême flanc droit prussien.

    La division d'infanterie du général Lefol, quant à elle, regroupait à peu près le même effectif, avec 4 régiments à deux bataillons seulement:

            -   le 15ème RI léger (de Besançon)
          -  le 23ème RI de ligne (de Dijon)
          -  le 37ème RI de ligne (de Landau)
          -  le 64ème RI de ligne (de Sarebruck)

    A 15h00, le général Vandamme lance sans préparation d'artillerie les 4.900 hommes de ces 4 régiments d'infanterie, en trois colonnes d'attaque, à l'assaut du village de St Amand défendu par les 4.800 hommes des 3 régiments d'infanterie de Steimetz embusqués en arrière du village.

    L'artillerie prussienne cause des pertes sévères dans les colonnes d'attaque dans un premier temps, mais les hommes de Lefol pénètrent cependant dans le village et repoussent rapidement les quelques prussiens qui l'occupaient.

    Après la traversée du village et de la Ligne, les français sont stoppés et repoussés dans St Amand par les 4 bataillons des 12e et 24e régiments de Brandebourg postés en arrière à l'est du village, à peu près 3.100 hommes. (à droite par le 12e et à gauche par le 24e)

    Vandamme envoie alors la division de Berthezène en soutien à la gauche de Lefol, entre St Amand et La Haye.

    Deux régiments, le 86ème et 12ème de ligne, avancent vers St Amand (2.100 hommes), le 56ème de ligne se dirige vers La Haye, et le 33ème reste en réserve.

    Avec ce renfort français, les prussiens subissent de lourdes pertes, puis manquent de munitions et doivent battre en retraite.

    Steinmetz engage ses 2 derniers bataillons du 1er Westphalien restés en seconde ligne derrière St Amand. Mais finalement ceux-ci subissent également de lourdes pertes et perdent leurs officiers. Steimetz regroupe les troupes rescapées en arrière de St Amand.

    Cependant Lefol et Berthezène sont toujours empêchés d'investir totalement le village par le feu nourri de l'artillerie.
    Steinmetz lance une seconde contre-attaque avec les restes de ses troupes rassemblées, mais il ne peut que tenir des positions défensives.
    Selon Steinmetz lui même, celui-ci aurait perdu à ce moment (17h00) 2.300 hommes et 46 officiers , soit le tiers de ses hommes (4).

     

    L'aile droite: la bataille de Ligny

    Carte de situation des premiers combats à St Amand avant 17h00.

     

    A la Haye de St Amand:

    Peu après l'attaque de St Amand, une deuxième offensive va opposer violemment les troupes de la division Girard (5) et celles d'une partie de la brigade Jägow établies dans le hameau de la Haye, quelques centaines de mètres au nord de St Amand.

    Jägow commandait 3 régiments d'infanterie (à 3 bataillons), les 29è et 3è RI de Westphalie, et le 7ème RI de Prusse orientale, ainsi que la batterie d'artillerie n°8.

    Quatre des neuf bataillons défendent la Haye, dont un bataillon au château de la Haye à l'arrière gauche du hameau, soit environ 3.000 hommes. (29èW/1&2 - 3èW/1&2). Le reste est en couverture près de Ligny.

    La division de Girard est constituée de plus de 4.000 hommes de ses 4 régiments d'infanterie (chacun à deux bataillons):
    le 11e léger (de Rennes)
    le 82e de ligne (de Toulon) = la brigade Devilliers

    le 12e léger (de Chalons sur Marne)
    le 4e de ligne (de Nancy) = la brigade Piat

    Vers 15h30 donc, Girard part à l'assaut de La Haye de St Amand, en deux colonnes, Devilliers à droite et Piat à gauche.
    L'assaut de Girard est très violent et il prend rapidement La Haye et les français peuvent menacer Bry où se trouve Blücher. L'artillerie de Vandamme réplique à la prussienne.

    Blücher qui ne veut pas être contourné par sa droite (c'est par là qu'il espère l'aide des Anglo-Néerlandais), donne l'ordre à la brigade Pirch2 de marcher de Bry vers St Amand et la Haye, et aux 9 bataillons de la brigade Tippelskirch et 47 escadrons de la cavalerie de Jürgass de se porter sur Wagnelée pour prendre de flanc les français.

    Pirch(2) commandait le 6ème RI de Prusse, les 2ème et 28ème de Westphalie, ainsi que 3 escadrons du 1er RC de Westphalie.

    Aux alentours de 16h00, alors que Steinmetz lance sa contre-attaque à St Amand, les Westphaliens qui étaient les plus proches de la Haye avancent en une première ligne, le régiment de Prusse qui était près de la ferme de Bussy part en seconde ligne; la cavalerie reste près de Bussy.
    Le 12ème RI Brandebourg ( brigade de Steinmetz) repliée sur Bussy couvre le flanc gauche.

    Dans un premier temps, la première ligne des Westphaliens pénètre dans la Haye sous le feu ennemi, accompagnée par le 12e RI du colonel Othegraven, et repousse les français des deux régiments de Devilliers.

    Puis une deuxième offensive est lancée par Girard qui a regroupé ses 4 régiments contre les 6 bataillons de Westphalie de Jagöw. En face, le premier bataillon du 6e de Prusse qui était en seconde ligne est chargé de prendre d'assaut la ferme du hameau.

    Les hommes de Girard rejettent les prussiens hors du village, mais c'est au cours de cet action que Girard, Piat et Devilliers sont mortellement blessés vers 17h00

    Un deuxième bataillon du 6e de Prusse tente encore en vain de rentrer dans le village.
    Finalement, la brigade prussienne Pirch se désengage du village et se replie en bon ordre.

    Mais vers 17.00 h, Blücher se rend lui-même devant La Haye lorsque Pirch en est repoussé par la division Girard. Il reprend la tête de ses troupes dispersées et les galvanise, puis repasse la rivière et reprend le village aux soldats de la 7ème division Girard qui ont perdu leurs officiers supérieurs et près d'un quart de leurs effectifs.

     

     

    L'aile droite: la bataille de Ligny

    Carte de situation des combats à St Amand-La Haye avant 18h00.

     

    Pendant les actions de la brigade Pirch, la 5e brigade de Tippelskirch et ses 9 bataillons arrive des "trois burettes" au village de Wagnelée qu'elle doit traverser rapidement afin de prendre les français par le flanc à La Haye.

    La 7e brigade von Brause doit suivre en réserve, l'ensemble soutenu par la cavalerie de Jürgass.

    Tippelskirch s'avance avec le 5e régiment de Westphalie, le 25e régiment et le 2e régiment de Poméranie, soit environ 7.000 hommes.

    Jürgass avait reçu l'ordre d'avancer avec le plus gros de sa division de cavalerie afin d'attaquer le flanc gauche français.

    La brigade Schulenburg composée du 1er Dragons de la Reine, des 4e et 5e régiments de la Marche (16 escadrons) est positionnée en arrière de La Haye.

    Le 2e Uhlans de Silésie et le 11e Hussards de la brigade Thümen (7 escadrons pour environ 1.000 cavaliers) sont envoyés de l'autre coté de Wagnelée avec une batterie d'artillerie à cheval (n°6) et se retrouveront face aux 1.000 Chasseurs de Domon (4e, 9e et 12e Chasseurs).

    Il est probable que les Uhlans et les Hussards ont été renforcés par deux escadrons supplémentaires du 5e Hussards de Poméranie.

    Le reste des régiments, soit le 6e Dragons de la Marche, le 3e Hussards Brandebourg et le 5e Hussards de Poméranie restent en arrière à gauche de Wagnelée.

     

    Vandamme s'est aperçu de ces mouvements et fait intervenir les 5.500 hommes de la division Habert restée en retrait, ainsi que 8 pièces d'artillerie et la division de cavalerie de Domon.


    Vers 17h30, Blücher est retourné au moulin de Bussy, Steinmetz qui a subit de lourdes pertes à St Amand s'est replié entre Bry et Sombreffe.

    A La Haye, les bataillons de Jagow se sont également repliés à Bry, mais les trois régiments de Pirch sont restés à La Haye, le 6e de Prusse dans le village, le 28e Westphalien tient la ferme et le 2e Westphalien est en seconde ligne en réserve.
    Les régiments de Girard occupent le Hameau de St Amand, et quelques unités de Tippelskirch occupent Wagnelée.

     

    A ce moment, la chronologie et l'enchainement des événements est difficile à reconstituer:

    Vers 17h30 semble-t-il(*), on signale coté français une colonne ennemie arrivant par l'ouest au sud de Villers-Perwin vers Fleurus, alors que Napoléon comptait sur un renfort de Ney par la route de Nivelles pour prendre à revers la droite de Blücher.(*)

    (*) Napoléon "Mémoires pour servir à l'Histoire de France" p96

    (*) Général Gourgaud  "Campagne de 1815" Paris 1818 p59

    Dans un premier temps la rumeur provoque un début de panique dans certains rangs français. La division Girard doit évacuer la Haye, Vandamme sollicite du soutient à droite pour conserver St Amand;
    Napoléon envoie un aide de camps reconnaitre cette colonne et par précaution détache les 8 bataillons de la Jeune Garde de Duhesme en soutien à St Amand-La Haye (*), et d'autre part sécurise le flanc gauche par trois des quatre régiments de Chasseurs de la Garde et la division de cavalerie de Subervie (12 escadrons) en soutien à Vandamme.

    Les témoignages divergent pour savoir si la Jeune Garde a été envoyée avant ou après l'annonce de l'apparition de cette colonne inconnue.

     (*) Aerts, W. "Etudes relatives à la campagne de 1815 en Belgique" Bruxelles 1915. p388

    Finalement, une fois la colonne reconnue et identifiée comme française, les 3 régiments de Chasseurs de la vieilles Garde seront rappelés et envoyés vers Ligny.

    Vers 18h00 commence une contre-offensive prussienne, les batteries prussiennes ouvrent un feu d'enfer.

    Tippelskirch quitte Wagnelée en direction du Hameau appuyé par la cavalerie de Jurgass.
    La 2e brigade Pirch2 (7.000 hommes), la 7e brigade Brause (6.000 hommes) et une partie de la 6e brigade Krafft repartent à l'assaut de St Amand. Les français doivent céder, les restes de la division Girard quittent le Hameau, Lefol et Berthezene quittent la partie nord de St Amand, Habert revient à sa position de départ.

    Mais la Jeune Garde de Duhesme monte au pas de charge et repousse Tippelskirch vers Wagnelée, les chasseurs de Domon et les lanciers de Colbert repoussent les cavaliers de Jürgass .
    Puis les hommes de Girard reprennent pour la troisième fois le Hameau et Lefol et Berthezene reprennent St Amand.

    Blücher décide d'attaquer afin de rejeter la gauche française vers le centre.
    Il envoie une partie de la 8eme brigade von Langen (2e corps Pirch1) et de la 12e brigade Stülpnagel (3e corps Thielman) en renfort à Ligny.

    Puis il marche lui-même vers St Amand avec le reste de la brigade von Langen, les restes de Steinmetz, les troupes débandées, et il rejoint les trois brigades de von Brause, Krafft et Tippelskirch avec lesquelles il reprend d'assaut à la baïonnette le Hameau.

    Mais à la gauche de St Amand, il se heurte aux trois régiments de Chasseurs de la Garde alors qu'une pluie d'orage commence à tomber sur les combattants.

    A 19h30, les nuages se dissipent et Blücher quitte précipitamment la Haye pour Ligny.

     

     

     

    Notes et Sources:


    (1) horaire donné par Houssaye qui cite Grouchy.
    (2) Marbais se trouve à mi-chemin sur la route entre Quatre-Bras et Sombreffe.
    (3) Cette division aurait été à environ une heure de marche des hauteurs de Brye ou de Sombreffe, des troupes venant des Quatre-Bras auraient mis plus de 3 heures, plus le délai d'acheminement du courrier.
    (4) Repport of major general von Steimetz in: KA VLE 7.I.26; Wagner - Plane ... p33 aussi dans Mauduit, H. " les derniers jours de la grande armée Vol II p63"
    (5) l'ordre d'attaque a été donné par Napoléon selon Houssaye qui cite Lefol, ou par Vandamme selon Charras

    Pin It

  • Commentaires

    1
    firdi
    Samedi 11 Avril 2020 à 18:57

    Bonjour , excellent travail sur les combats de Saint-Amand avec 2 très bonnes cartes. Avez vous des  cartes sur le village de Ligny ? Avec les axes d'attaques ? Super boulot , on parle souvent de Ligny en oubliant Saint-Amand. Cordialement. Firdi.

      • Mercredi 15 Avril 2020 à 16:56

        Merci firdi pour ces encouragements, j'ai l'intention de continuer de mettre en ligne la suite des combats sur Ligny proprement dit d'ici peu, le texte est prêt, reste à fignoler les cartes... je compte un peu sur ce confinement (bien que je travail quand même) pour  avancer un peu!  Cordialement, Tom

    2
    firdi
    Jeudi 16 Avril 2020 à 12:56

    Bonjour Bombadil et merci beaucoup pour votre rapide réponse . Oui ,je m'intéresse depuis longtemps à cette bataille de Ligny . D'ailleurs , j'ai participé au livre : Ligny 1815 chez historic'one , avec ma documentation , et écrit 2 chapitres . Je suis certain que la suite sera aussi bonne que la première partie . C'est vrai qu'avec de bonnes cartes , le récit des combats est plus compréhensible . Vous avez tous mes encouragements et mes félicitations  . Au plaisir de vous lire prochainement. Cordialement . Firdi

    3
    firdi
    Samedi 2 Janvier 2021 à 19:59

    Bonjour a vous et meilleurs vœux 2021 ,j'espère que vous allez sortir d'autres cartes sur la position de Ligny. Cordialement. Firdi.

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :