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    Le 10 juin 1815, l'Empereur annonce à la Chambre des représentants que la guerre est imminente et qu'il part prendre la tête de ses armées, " les mouvements des différents corps ennemis y rendent ma présence indispensable" (1).

    De fait il quitte Paris dans la nuit du 11 au 12 pour Laon, Avesnes et Beaumont où il établira son quartier général le 14 juin.

    La concentration des différents corps d'armées s'est faite en deux temps (2):

    Dès le 6 Juin, ordre est donné au  Général Gérard (4ème corps) de quitter Metz, de passer la Meuse et rejoindre Philippeville pour le 14 (220 km).

    Le 8 Juin, la Garde Impériale quitte Paris et Compiègne pour Avesnes-sur-Helpe (200 km), et le 9 Juin le 1er corps d'Erlon quitte Lille pour Maubeuge et Avesnes-sur-Helpe suivi par le 2ème corps de Reille qui passe de Valenciennes à Maubeuge.

    Puis le 6ème corps de Lobau quitte les environs de Laon pour Avesnes-sur-Helpe (80 km) et le 3ème corps de Vandamme se déplace de Mézière et Chimay à Maubeuge (100 km environ).

    Napoléon quitte Paris le 12 Juin à 4 heures du matin, il déjeune à Soissons et rejoint Laon le soir, que la Cavalerie de réserve de Grouchy n'a pas encore quitté. Le 13 au soir il est à Avesnes-sur-Helpe .

    Ces vastes mouvements de troupe ont été réalisés assez discrètement et rapidement de sorte que les Alliés ne soient pas en mesure d'anticiper l'axe d'attaque de Napoléon:  Avesnes, Maubeuge donc Mons leur semblait être la direction prévue...

    Mouvements de concentration de l'armée du nord - juin 1815

     

    Puis le 13, Napoléon dicte d'Avesnes les instructions qui précisent les positions à prendre le 14 (3):


    La Garde impériale bivouaquera autour de Beaumont.
    Le 1er corps d'Erlon prendra position à Solre sur Sambre
    Le 2e corps Reille se placera à Leers à la frontière (entre Solre et Thuin)
    Le 3e corps Vandamme se tiendra en avant de Beaumont
    Le 6e corps Lobau bivouaquera en avant de Beaumont
    La cavalerie de Grouchy bivouaquera aux environs de Walcourt
    L'armée de Moselle de Gérard (4e corps) prendra position en avant de Philippeville.

     

    Jusque là, l'axe d'attaque précis n'apparait pas forcément, bien qu'il s'agisse de passer par la Sambre : de Beaumont il est possible de rejoindre Mons par la chaussée pavée ou éventuellement Charleroi.

    La ligne de séparation entre les Prussiens et les Anglo-Néerlandais apparait comme étant plutôt l'antique chaussée romaine de Bavay vers Gembloux, que la chaussée Charleroi - Bruxelles. Si l'objectif de Napoléon était bien de séparer les deux alliés, la chaussée romaine aurait dû être l'axe d'attaque, partant de Bavay ou Maubeuge et passant au large de la place forte de Mons.
    Par rapport à Maubeuge ou Valenciennes, la concentration de troupes à Philippeville et Beaumont a pu plus facilement se faire à l'insu des alliés car la rive sud de la Sambre était une région très boisée à ce niveau.

    A partir du 12 juin Wellington à Bruxelles est informé de concentrations ennemies à Valenciennes et Maubeuge. Il n'apprend la présence du gros de l'armée française à Beaumont que le 14 à 21 heures. Les renseignements de Dörnberg (major général de la 3e brigade de cavalerie d'Uxbridge) restent confus, il est question de Maubeuge, Beaumont et Philippeville, le quartier-général du 1er corps de d'Erlon a été vu en route vers Solre-sur-Sambre. C'est manifestement Mons qui reste le point d'attaque le plus plausible pour Wellington.

     

    Notes & sources

    (1) Correspondance de Napoléon 1er, tome 28 - p271

    (2)La Tour d'Auvergne, E. de (Lieutenant-colonel prince). "Waterloo. Etude de la campagne de 1815". (Paris, 1870)
    (3) ordre 22049 dans "Correspondance de Napoléon 1er", tome 28 - p277

     

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     Voici ci-dessous les différents tableaux présentant la composition en Divisions, Brigades et Régiments, les effectifs, les commandements des différentes unités pour les Corps d'armées de Napoléon présents lors de la campagne de Belgique de juin 1815, selon les données publiées par H. de Mauduit (1).

     

    Les Corps d'Armée de la Campagne de Belgique

     

    Les Corps d'Armée de la Campagne de Belgique

     

    Les Corps d'Armée de la Campagne de Belgique

     

    Les Corps d'Armée de la Campagne de Belgique

     

    Les Corps d'Armée de la Campagne de Belgique

     

    Les Corps d'Armée de la Campagne de Belgique

    Le commandement  de la Réserve de Cavalerie ne fut confié au Maréchal Grouchy que le 15 Juin après le franchissement de la Sambre à Charleroi.

     

    Les Corps d'Armée de la Campagne de Belgique

    La "Vieille Garde" était ici constituée des quatre régiments de Grenadiers à pied, des quatre régiments de Chasseurs à pied, soit les deux divisions Friant et Morand, avec la cavalerie lourde et légère, (Grenadiers à cheval, Dragons et Chasseurs et Lanciers).  Les 3èmes et 4èmes régiments de Grenadiers et Chasseurs qui avaient été récemment ajoutés à la Garde en Avril et Mai 1815 furent appelés "moyenne" Garde(1).

    La "Jeune Garde" ne comprenait ici que 2 régiments de Tirailleurs et 2 régiments de Voltigeurs, contre 8 régiments de chaque et un régiment d'Eclaireur initialement prévus. En réalité, Davout ne réussi à recruter que 3 régiments de Tirailleurs et 3 de Voltigeurs, et deux régiments furent détachés en renfort en Vendée le 22 Mai (2).

     

     Notes & sources:

     (1) H. de Mauduit  "la Grande armée, ou Souvenirs, documents et Correspondance inédite de Napoléon en 1814 et 1815" (Paris, 2e édition. 1854).

    (2) H. Couderc de St Chamant: "Napoléon, ses dernières armées". (Paris, 1902) p400 à 407

     

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          Les troupes françaises engagées par Napoléon directement dans cette campagne de Belgique de 1815 ont été d'une part les 4 corps de l'Armée du Nord proprement dite: 

    1. Le 1er corps du Général D'Erlon, de 20.000 hommes, basés à Lille(1)
    2. Le 2ème corps du Général Reille, de près de 25.000 hommes, basés à Valenciennes(1)
    3. Le 3ème corps du Général Vandamme, de 17.000, basés à Chimay et Mézière
    4. Le 6ème corps du Général Lobau, de 10.000 hommes, basés autour de Laon

    d'autre part le 4ème corps du Général Gérard qui constituait l'Armée de Moselle, de 15.000 hommes, basés à Metz.

    ainsi qu'une Cavalerie de Réserve de 13.000 cavaliers, commandée par le Maréchal Grouchy et basée à Laon

    enfin, la Garde Impériale venue de Paris avec Napoléon, sous le commandement du Général Drouot, forte de 20.000 hommes, dont une cavalerie de 3.700 sabres,  et une artillerie de 1.200 hommes.

     

    1) Corps d'armée, Divisions, Brigades et Régiments...

    Les forces armées de terre françaises étaient depuis la réforme de 1764, réparties en Divisions, "grandes unités tactiques et administratives comprenant les trois armes et les services".
    En 1805, Napoléon avait créé un niveau de commandement supérieur, le Corps d'armée, regroupant trois ou quatre divisions d'infanterie, une  division de cavalerie, plus l'artillerie et le génie.


    En principe les troupes étaient organisées en "Compagnies" de 140 hommes, (Capitaine)

    le Bataillon (Colonel) d'environ 800 hommes théoriquement, regroupait 6 Compagnies
         2 compagnies "d'élite": la 2ème: les Grenadiers placés à droite
                                                 la 3eme: les Voltigeurs placés à gauche
         4 compagnies de Fusillers pour les régiments "de Ligne" ou de Chasseurs pour les régiments Légers.

    le Régiment (Colonel) comprenait 2 à 5 bataillons dont un bataillon de dépôt non engagé.

    une Brigade (Général de brigade, Maréchal de camp) comptait 2 régiments d'infanterie, soit "de Ligne" soit "Léger"

    enfin, chaque Division d'infanterie (Lieutenant-général, Général) regroupait 2 brigades d'infanterie et une unité d'artillerie plus le génie et train.

    Les différents Corps d'Armée étaient ainsi forts de trois ou quatre Divisions d'infanterie et d'une Division de cavalerie.


    La Cavalerie était organisée selon le même schéma, Division de 2 Brigades de 2 Régiments chacune, un régiment comptant 4 "Escadrons"  d'un centaine de Lanciers, Chasseurs, Hussards ou Cuirassiers.

    En 1815, les Bataillons ne comptaient que rarement plus de 600 hommes, les Régiments étaient pour la plupart à deux bataillons, soit 800 à 1000 hommes et officiers, ce qui permettait d'aligner des Divisions d'infanterie d'environ 4.500 hommes et officiers et des Divisions de cavalerie de 1.600 sabres environ.
    En comparaison, les Divisions d'infanterie anglo-alliées avaient une moyenne de 6.000 hommes et officiers.

     

    2) Les forces engagées en Belgique en Juin 1815


    Pour la Campagne de Belgique de juin 1815,  Napoléon pourra compter sur 20 Divisions d'infanterie (la Garde Impériale compte pour trois divisions) et 14 Divisions de cavalerie, pour près de 93.000 et 23.000 hommes respectivement, soit une force totale de 116.000 soldats.

    L'Armée du Nord de 1815

    Les effectifs de chaque division comprend également ceux des unités d'artillerie et du génie de chacune d'entre-elle.

     

    L'Armée du Nord de 1815

     Les effectifs reportés ici sont ceux publiés par le capitaine Hippolyte de Mauduit en 1854 (2) dans des tableaux très détaillés des différentes unités et des effectifs de chaque bataillon et escadrons pour les premiers jours de Juin 1815.

    L'ouvrage du Capitaine Henri Couderc de St Chamant publié en 1902 (3) détaille également les différentes unités des cinq corps d'armées et leurs effectifs sensiblement équivalents.

     

    Notes & sources:

    (1) La Tour d'Auvergne, E. de (Lieutenant-colonel prince). "Waterloo. Etude de la campagne de 1815". (Paris, 1870).  Selon cet auteur qui le reprends de Mauduit, le 1er corps venait de Lille, alors que les données de Couderc de St Chamant indique Valenciennes pour le premier corps.

    (2) Mauduit, H. de. : " Histoire des derniers jours de la Grande armée, ou Souvenirs, documents et "Correspondance inédite de Napoléon en 1814 et 1815" (Paris, 2e édition. 1854)

    (3) Couderc de Saint Chamant, H. :"Napoléon, ses dernières armées". (Paris, 1902)

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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    1) Les stratégies des Alliés et de Napoléon.

     

          Le but initial de Napoléon avait été d'être reconnu Empereur des français par les puissances européennes.
    La formation de la 7eme Coalition et la préparation d'une intervention militaire vers Paris pour l'éloigner de son trône dès le mois de juillet l'ont amené à utiliser des moyens militaires pour s'y opposer et atteindre son objectif politique.

    Il ne disposait pas de forces suffisantes pour entamer une guerre régulière avant cette date, compte tenu de la supériorité numérique de la coalition.

    En revanche deux scénarios restaient possibles:

    • la défense du territoire et de Paris, le temps de rassembler à l'automne près de 800.000 hommes; en quelque sorte rejouer la campagne de France de 1814 avec non plus 90.000 hommes mais 200.000.

     

    •  créer les conditions de nouvelles négociations, provoquer un bouleversement politique en Europe par la prise rapide de Bruxelles.

    " Dans les conseils de guerre tenus aux Tuileries, on avait étudié deux plans (mémoires sur Carnot). L'un consistait à demeurer sur la défensive, à laisser les ennemis entrer en France, s'engager à travers les lignes des places fortes et s'avancer dans le rayon de Paris et de Lyon. On contre-attaquerait alors avec énergie en s'appuyant sur ces deux bases. les Alliés, ne pouvant franchir la frontière que le 1er juillet, n'arriveraient pas sous Lyon avant le 20 et sous Paris avant le 25 ou 26 juillet, calculait l'Empereur. A cette date, la mise en état des places serait achevée, la levée de la garde nationale mobile entièrement accomplie. Les conscrits de 1815 seraient dans les dépôts et ceux-ci auraient envoyé leurs troisièmes bataillons aux régiments de ligne. On replierait sur la capitale les six premiers corps d'infanterie et les quatre corps de cavalerie de réserve. Ajoutés à la Garde impériale, ils fourniraient une force d'au moins 160.000 hommes manœuvrant sur les deux rives de la Seine et de la Marne sous la protection d'un vaste camp retranché de Paris. pour défendre la ville elle-même, si on voulait armer les Fédérés comme l'Empereur le leur avait promis, on disposerait avec la Garde nationale et les compagnies de canonniers volontaires, de plus de 100.000 hommes, ancien soldat pour la plupart.
    C'est à cette manière d'agir que Carnot avait pensé. Outre les avantages énumérés ci-dessus, elle offrait celui d'affaiblir l'adversaire, car il devait laisser en route 150.000 hommes au moins pour assurer ses lignes de communications, assiéger les places, tenir tête aux corps francs qui mèneraient la guérilla sur les arrières. En revanche, elle présentait un grave inconvénient : on abandonnait d'emblée aux ennemis toute une partie du territoire, où ils exerceraient leurs ravages. Mais Carnot estimait que l'invasion, en exaltant le sentiment patriotique, engagerait toute la nation dans la lutte et ferait lever la France entière contre les envahisseurs.
    L'autre plan était d'attaquer avant la réunion des coalisés. Il s'agissait de surprendre les armées anglo-batave et prussienne avant leur concentration complète, de les diviser et les disperser. Après cette victoire, recevant les renforts des dépôts, l'Empereur ferait sa jonction avec les 23.000 hommes de Rapp qui tenait l'Alsace et se porterait contre les Austro-Russes. L'esprit public serait électrisé, on pourrait tout demander au pays pour compléter son triomphe.
    Du reste, il ne semblait pas impossible qu'une défaite des Anglais et des Prussiens n'amenât l'effondrement de la coalition. C'est ce plan, approuvé par Davout, que l'Empereur avait choisi "...(1)

     

    En vertu des traités de 1814, les Britanniques, Hanovriens et Néerlandais sont chargés de surveiller la frontière franco-belge sur toute sa longueur, de Furnes jusqu'à Namur, soit environ 170 km à vol d'oiseau.

     

    Placée d'abord sous le commandement du prince d'Orange, Wellington arrive à Bruxelles et prend le commandement de cette armée hétérogène anglo-hanovrio-néerlandaise à partir du 4 avril.


    L'armée prussienne du Bas-Rhin, sous Kleist d'abord, puis sous Blücher début avril, est chargée de la surveillance de toute la région à gauche du Rhin et à droite de la Meuse.


    L'objectif premier de ces troupes alliées anglo-néerlandaises et prussiennes est de constituer une avant-garde destinée à protéger la marche des autres armées alliées vers les régions qui devaient leur servir de bases pour les opérations qui leur avaient été assignées par le traité du 25 mars, et de retarder le plus possible une éventuelle offensive française en attendant la réunion de toutes les armées alliées d'invasion de la France.


    A cela s'ajoutait la tâche de protéger le roi des Pays-Bas installé à Bruxelles, le roi de France installé à Gand, les lignes de communication vers l'Angleterre et l'Allemagne.


    Les difficultés pour Wellington ont été l'éparpillement nécessaire de ces troupes sur un secteur aussi étendu, l'organisation d'une armée composée d'hommes appartenant à trois nationalités différentes, britannique, hanovrienne et néerlandaise auxquelles viendront s'ajouter des contingents allemands, et la coordination avec les forces prussiennes initialement disposées à l'est de la Meuse.

     

    2)  Le plan de campagne de Napoléon

    Les conditions de la réussite du plan étaient la surprise et la vitesse de la marche vers Bruxelles.

    Les obstacles à vaincre étaient les forces de Wellington et de Blücher disposées dans les 90 km entre la frontière et Bruxelles.
    Selon le général Rogniat, commandant du Génie de l'armée du Nord, Napoléon avait l'intention de surprendre les armées anglaise et prussienne dans leurs cantonnements et de foncer avec sa cavalerie de 20.000 hommes vers Bruxelles (2).


    La grande majorité des auteurs et historiens s'accordent sur un plan supposé de Napoléon:
    Il sait que les deux armées basées en Belgique ont des bases d'opérations distinctes, qu'elles totalisent 223.000 hommes et 20.000 supplémentaires à Luxembourg.

    Mais pris séparément, les Anglo-Néerlandais ne sont que 106.000 et les Prussiens 117 à 137.000, face aux 123.000 Français.
    Il doit battre d'abord les Prussiens qui se replieraient vers leurs bases de Liège et Aix-la-Chapelle, puis les Anglais qui se replieraient vers les ports d'Anvers ou Ostende.


    Après quoi, avec le ralliement d'une partie du contingent belge et hollandais, il pourrait rejoindre l'armée de Rapp pour faire face aux Russes et Autrichiens qui chercheraient sans doute à entamer des pourparlers, comme par le passé.


    Pour obtenir ce résultat, il est indispensable de manœuvrer "par les lignes intérieures", d'agir au point de jonction des deux armées alliées.


    3) Voies d'invasion supposées

    D'après un mémoire confidentiel du 30 avril de Wellington au Prince d'Orange, Hill et Uxbridge, il apparait que le général en chef britannique prévoyait une attaque des français

    • soit entre la Lys et l'Escaut, c.a.d de Lille, Courtrai, Audenarde, Gand
       
    • soit entre l'Escaut et la Sambre, c.a.d de Condé, Mons, Enghien, Hal vers Bruxelles.

     

     Les chaussées entre la France et Bruxelles en 1815 
    d'après Ph J. Maillart et Soeur: (3)  

    Campagne de Belgique, éléments de stratégie

     

    De fait il dispose son armée de manière qu'elle puisse se concentrer rapidement vers la droite ou la gauche, et demande à Blücher d'avancer au maximum vers l'ouest et la Sambre le 1er corps d'armée prussien de Zieten.

     

    MEMOIRE CONFIDENTIEL

    Pour S.A.R. le prince d’Orange, le comte d’Uxbridge, lord Hill et le Quartier-maître général.
    Bruxelles, 1815


    I. – Ayant reçu avis que la Garde impériale a quitté Paris pour se rendre à Beauvais, et le bruit ayant couru depuis quelque temps dans le pays que Bonaparte était sur le point de visiter la frontière du nord, je juge à propos de resserrer les cantonnements des troupes, dans le but de leur réunion prochaine si le pays était attaqué, pour laquelle concentration le Quartier-maître général envoie maintenant des ordres.
    II. – Dans ce cas la ligne d’attaque de l’ennemi sera ou bien entre la Lys et l’Escaut, ou bien entre la Sambre et l’Escaut, ou des deux côtés à la fois.
    III. – Dans le premier cas, je voudrais que les troupes de la 4ème division occupent le pont de l’Escaut, près d’Avelghem, qu’elles reculent avec le régiment de cavalerie qui est à Courtrai sur Audenaerde, poste qu’elles devront occuper, et qu’elles inondent la campagne dans les environs.
    IV. – La garnison de Gand doit inonder de la même façon la campagne dans les environs, et cette ville doit être gardée dans tous les cas.
    V. – La cavalerie en observation entre Menin et Furnes devra se replier sur Ostende ; celle qui est entre Menin et Tournai sur Tournai, et de là rejoindre ses régiments.
    VI. – Les 1ère, 2ème et 3ème divisions d’infanterie se réuniront aux quartiers généraux des divisions et la cavalerie aux quartiers généraux de ses différentes brigades, et le tout devra être prêt à marcher au premier signal.
    VII. – Les troupes des Pays-Bas seront réunies à Soignies et Nivelles.
    VIII. – Si l’attaque avait lieu entre l’Escaut et la Sambre, je me propose de réunir les Anglais et les Hanovriens à Enghien et dans les environs et l’armée des Pays-Bas, à Soignies, à Braine-le-Comte et dans les environs.
    IX. – Dans ce cas, les 2ème et 3ème divisions se rassembleront sur leur quartiers généraux respectifs et battront pas à pas en retraite vers Enghien avec la cavalerie du colonel Arentschild et la brigade hanovrienne.
    X. – Les garnisons de Mons et de Tournai tiendront ferme, mais celle d’Ath sera retirée, avec la 2ème division, si les travaux n’étaient pas assez avancés pour rendre la place tenable contre un coup de main.
    XI. – Les brigades de cavalerie des généraux W. Ponsonby, sir J. Vandeleur et sir H. Vivian marcheront sur Hal.
    XII. – Les troupes des Pays-Bas se réuniront sur Soignies et Braine-le-Comte.
    XIII. – Les troupes de la 4ème division et le 2ème hussards, après avoir occupé le pont à Avelghem , battront en retraite sur Audenaerde et y attendront des ordres ultérieurs.
    XIV. – Si l’attaque avait lieu des deux côtés à la fois, les troupes de la 4ème division et le 2ème hussards, ainsi que la garnison de Gand agiraient ainsi qu’il est dit aux n°s III et IV de ce mémoire ; et comme les 2ème et 3ème divisions et la cavalerie, ainsi que les troupes des Pays-Bas, comme il est prescrit aux n°s VIII, IX, XI et XII.


    Wellington

     

    Dans ces mémoires, Wellington explique quelles étaient les routes d'invasion qu'il lui fallait surveiller:


    1er. de Lille par Courtrai vers Gand
    2e. de Lille par Tournai, Audenarde vers Gand
    3e. de Lille par Tournai, Ath vers Bruxelles
    4e. de Condé par Ath, Enghien vers Bruxelles
    5e. de Valenciennes par Mons, Soignies vers Bruxelles
    Ces cinq routes étaient des chaussées pavées très praticables par une armée.

     

    Par ailleurs on peu identifier cinq autres voies d'invasion possibles vers Bruxelles de la Sambre à la Meuse:
    6e. de Bavay par Mons, Soignies vers Bruxelles
    7e. de Maubeuge par Mons
    8e. de Beaumont par Mons
    9e. de Beaumont par Charleroi, Genappe
    10e. de Givet, par Dinant, Namur vers Bruxelles

     

    Cependant il n'y avait que deux chaussées pavées au sud de la Sambre, celle menant de Avesnes à Maubeuge et celle de Beaumont à Mons qui franchit la rivière à Erquelinnes.


    Au delà, d'après les cartes de l’époque, en particulier celle de l’ancien département de la Dyle (Bruxelles) seules trois chaussées pavées permettaient de poursuivre jusqu'à Bruxelles:


    Celle d'Enghien et Hal, depuis Tournai à l'ouest.
    Celle de Nivelles ou Genappe puis Mont-St-Jean au sud.
    Celle de Namur par Louvain à l'est .


    En outre, l'examen des cartes de Ferraris (Pays-Bas autrichiens de 1778) et de Maillart (Nouvelle carte du département de Jemmapes, an VIII) montre qu'il n'y avait pas de chaussée au sud de Charleroi qui permettaient de relier la Sambre au villes françaises de Beaumont, Philippeville ou Givet, mais uniquement de simples chemins de campagne.


    Mons apparaissait donc comme un passage obligé de plusieurs itinéraires pavés (Valenciennes, Beaumont) ou non (Maubeuge, Bavay).
    La difficulté d'accès à Charleroi depuis le sud ne faisait pas de ce passage un point d'invasion qui s'imposait en priorité pour les alliés.

     

    4) Disposition des coalisés en Belgique:

    L’avant-garde de la nouvelle coalition est positionnée en Belgique.

    Dès le 4 avril Wellington et Gneiseneau, le second de Blücher, s'étaient entendu sur leur positions respectives en vue de l'invasion de la France:

    Les Britanniques et Hanovriens de Wellington au sud-ouest de Bruxelles avec 93 000 hommes, et les Prussiens de Blücher entre Charleroi Namur et Huy avec 117 000 hommes (4).


    Le 3 mai, Wellington et Blücher se rencontrent à Tirlemont près de Louvain et adoptent de nouvelles positions défensives beaucoup plus à l'ouest pour les différents corps d'armée prussiens;

     

    Le 1er corps Zieten venant se positionner sur la rive nord de la Sambre jusqu'à l'ouest de Charleroi. Blücher quitte Liège pour Namur le 15 mai.

     

    • Le 1er corps prussien du général Zieten (30.761 hommes ) était disposé le long de la Sambre à Charleroi.(5)


    1ere brigade Steinmetz derrière Fontaine-l'Evêque


    2eme brigade Pirch derrière Charleroi


    3ème brigade Jagow derrière Fleurus


    4ème brigade Henckel derrière Onoz


    la cavalerie Röder à Gembloux
    et les 12 batteries d'artillerie à Eghezée

     

    • Le 2e corps du général von Pirch I (31.758 hommes) était cantonné entre Namur et Wavre.
    • Le 3e corps du général Thielmann (23.980 hommes) était cantonné entre Dinant et Huy.
    • Le 4e corps du général von Bülow (30.328 hommes) était cantonné à Liège.

     

    Le 1er corps britannique du prince d'Orange (29.000 hommes) constituait l'aile gauche du dispositif de Wellington ; QG à Braine-le-Comte.(6)


    la division Cooke (4300 hommes) était cantonnée à Enghien


    la division Alten (8100 hommes) était autour de Soignies


    la division Perponcher (7600 hommes) était autour de Nivelles et Quatre-Bras


    le division Chassé (7100 hommes) était entre Le Roeulx et Haine St Pierre


    la cavalerie néerlandaise Collaert était autour de Mons

     

    Le 2e corps britannique du général Hill constituait l'aile droite: QG à Ath


    la division Clinton (8000 hommes) était disposée à Ath, Leuze


    la division Colville (7600 hommes) était à Audenarde, Courtrai et Renaix


    le corps Néerlandais de Stedman (6700 hommes) était disposé en arrière à l'ouest de Bruxelles, à Landscaut et Sottegem.

     

    La cavalerie du général Uxbridge (10.000 hommes ) était cantonnée dans la vallée de la Drende, entre Ath Lessines et Grammont, au sud ouest de Bruxelles.

     

    Le corps de réserve de Wellington (21.000 hommes) QG à Bruxelles était dispersé entre Bruxelles, Malines et Anvers.

     

    Positions des Divisions, Brigades et Corps d'armées Alliés en juin 1815

     Campagne de Belgique, éléments de stratégie

     

    Il semble que Wellington et Blücher aient bien disposé leurs effectifs en fonction des 10 voies d'invasion possible:

     

    1er. Lille - Courtrai - Gand                  = Stedmann & Colville
    2e. Lille - Tournai - Gand                    = Colville
    3e. Lille - Tournai - Bruxelles             = Clinton & Cooke
    4e. Condé - Ath - Bruxelles                 = Clinton & Cooke
    5e. Valenciennes - Mons - Bruxelles = Collaert & Alten
    6e. Bavay - Mons                                   = Collaert & Alten
    7e. Maubeuge - Mons                           = Collaert & Alten
    8e. Beaumont - Mons                           = Collaert & Alten
    9e. ? - Charleroi - Bruxelles                 = Zieten & Perponcher
    10e. Givet - Namur - Bruxelles            = Thielmann & von Pirch

     

    Mais les forces alliées se trouvaient de ce fait assez dispersées, avec un premier rideau constitué de 30.000 hommes environ du 1er corps du Prussien Zieten tout au long de la rive nord de la Sambre coté Est, 15.000 Néerlandais de Collaert, Chassé et Perponcher sur le route de Mons au centre, et 15.000 Britanniques de Clinton et Colville à l'Ouest.


    Les trois autres corps prussiens sont à distance et leur concentration peut prendre un certain temps. Bulow à Liège sera à 80 km soit plus de 25 heures de marche de Sombreffe par exemple; Thielmann à Huy sera à 50 km soit 17 heures de marche.


    Le corps de réserve de Wellington et ses 20.000 hommes, sont très en arrière, environ 60 km de Genappe par exemple, soit 20 heures de marche...



     

     

     


      Notes & sources

    (1) Robert Margerit - Waterloo 18 juin 1815 - Ed Gallimard - 1964
    (2) Général J. Rogniat -"Considérations sur l'Art de la Guerre" - Paris - 1820 p342
    (3) d'après Ph J. Maillart et Soeur: "nouvelle carte du département de la Dyle" & "nouvelle carte du département de Jemmapes" - Bruxelles - an VIII (1800) - source gallica.bnf.fr - http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b84945527
    (4) F. de Bas-J. de Wommerson : "la Campagne de 1815 aux Pays-Bas" - Bruxelles - 1909 - Tome I - p245
    (5) Logie, J. "Waterloo 1815. L'Europe face à Napoléon "- Bruxelles - 2003- p41
    (6) F. de Bas, J.de Wommerson, "La Campagne de 1815 aux Pays-Bas" - T1 Quatre-Bras - Bruxelles 1909.

     

     

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  • 1)    Le Congrès de Vienne

    Après la Campagne de France, l'invasion des "alliés" et l'abdication de Napoléon qui s'en suivi en avril 1814, les puissances d'Europe s'étaient réunies à Vienne à partir du 1er novembre 1814.

    Les représentants de la Grande-Bretagne,de  l'Autriche, de la Prusse, de la Russie, y compris de la France, étaient réunis pour "négocier" la refonte de l'Europe profondément bouleversée par les guerres de  la Révolution Française et de l'Empire napoléonien. Les principautés de Liège, de Trèves, Cologne, Mayence, les Pays-Bas méridionaux, la Hollande, la Bavière, le Grand-Duché de Bade, la Pologne et l'Italie posaient problèmes.


    Depuis le premier traité de Paris du 30 mai 1814, les grandes puissances maintenaient une force armée de 75.000 hommes chacune, en attendant les décisions des négociations du Congrès de Vienne. Les britanniques soutenait la formation d'un état tampon au nord de la France qui garantirait en particulier l'indépendance du port d'Anvers vis à vis de la France ou de la Prusse; ainsi fut créé le royaume des Pays-Bas sous la maison d'Orange-Nassau et du roi Guillaume 1er.
    Les Pays-Bas du nord avaient été libérés des Français fin 1813 par le corps d'armée prussien du général von Bülow, le contingent russe de von Benckendorff et celui du britannique Graham.

    A partir de mai 1814, les 8000 britanniques de Graham restèrent en Belgique à l'ouest de la Meuse, rejoints par des troupes Hanovriennes du général von Alten, payées par Londres, afin de maintenir l'emprise sur le port stratégique d'Anvers.


    La Prusse s'était chargée de la responsabilité politique de la région à l'est de la Meuse, entre Meuse, Moselle et Rhin. Au quartier général de Düsseldorf, von Nollendorf commandait  30.000 prussiens et 14.000 saxons.


    A partir du 1er août 1814, Guillaume 1er d'Orange-Nassau est officiellement gouverneur général de la Belgique, puis au retour de Napoléon, il se proclame roi des Pays-Bas (du sud et du nord) et donne à son fils de 21 ans le titre de Prince d'Orange. Ce dernier avait été l'aide de camp de Wellington en Espagne, il avait le grade de général, et il succéda au général Graham comme commandant en chef des troupes britanniques et hanovriennes aux Pays-Bas (secondé par le général Clinton).

    2)    Le retour de Napoléon, les 100 jours

    A la mi-février 1815, Napoléon pris la décision de quitter son exil forcé de l'ile d'Elbe.  Il s'embarque le 26 février avec un millier de soldats, les généraux Bertrand, Drouot et Cambronne.

    Ils débarquent à Golfe-Juan le 1er mars et commencent une marche forcée par Cannes, Grasse, Sisteron, Gap et Grenoble qu'ils atteignent le 7 mars.
    Napoléon est à Lyon le 10, à Chalon-sur-Saône le 14. Le maréchal Ney, chargé par Louis XVIII de le stopper, se rallie finalement à lui. Renforcé par les soldats du général Gérard à Avallon, de Bugeaud puis ceux de Ney à Auxerre le 18, Napoléon entre dans la capitale le 20 mars. Le roi est parti pour Lille le 19 et quittera la France pour Ostende le 23 et Gand le 30 mars.

    Après ce coup d'état sans effusion de sang, Napoléon forme rapidement un gouvernement avec entre-autre le Maréchal Davout au ministère de la guerre. L'expectative domine chez la majorité des Français, les notables sont réservés, il a le soutient des soldats mais de nombreux maréchaux et généraux font défection.

    Napoléon doit faire face aux poches de résistance dans le pays:
    En mars, la duchesse d'Angoulême mène la fronde royaliste en Gironde. Le duc, neveu de Louis XVIII, forme une armée à Marseille jusqu'au 9 avril.
    L'ordre de mobilisation des gardes nationaux le 9 avril déclenche l'insurrection de la "petite chouannerie" d'abord en Bretagne, en Loire inférieure puis en Vendée en mai.

    A l'extérieur, le péril est  imminent, les souverains coalisés (Angleterre, Prusse, Autriche, Russie) refusent toute négociation et toute relation avec Napoléon.

    Dès le 13 mars, les Alliés se sont engagés "à mettre sur pied toutes leurs forces contre Bonaparte et sa faction afin de le réduire désormais à l'impuissance de troubler le repos de l'Europe". Paradoxalement, le retour de Bonaparte fait resserrer les rangs chez les Alliés pourtant au bord de la rupture à Vienne.

    De fait, le 25 mars, la Grande-Bretagne, la Russie, l'Autriche et la Prusse reforment par traité une 7ème Coalition, qui a pour objectif de détrôner Bonaparte par des moyens militaires.

    Le 19 avril, l'invasion de la France est décidée pour le 1er juin,  plusieurs armées de 150.000 hommes devant converger sur Paris:

    • de l'est par Bâle l'armée autrichienne de Schwarzenberg et la russe de Barclay de Tolly par Sarrebrück;
    • du nord l'armée britannique de Wellington de Bruxelles par Mons
    • et l'armée prussienne de Blücher de Namur via Charleroi et Laon(1) .

    L'invasion est ensuite repoussée au 1er juillet.


    3)    L'état de l'armée française au début de l'année 1815.

    Selon les archives militaires, au 15 janvier de l'année 1815, les effectifs disponibles de l'armée étaient de 178.000 hommes pour un total théorique de 267.000(2) . (128.000 hommes disponibles dans l'infanterie, 31.000 dans la cavalerie et 18.000 pour l'artillerie et le génie).

                                                                   Répartition des effectifs militaires au 15 janvier 1815

    Introduction


    Au premier mars les effectifs de l'infanterie et de la cavalerie présents sous les drapeaux ont même été divisés par deux, amenant l'armée de ligne à seulement 94.000 hommes(3).                              

                                     Effectifs militaires de l'armée de ligne et de l'armée extraordinaire entre janvier et juin 1815

    Introduction

    Ainsi à son retour de l'ile d'Elbe, l'Empereur trouve sous les armes moins de 100 000 hommes de l'armée royale.
    75 000 soldats en disponibilité ou congé rejoignent l'armée en avril, ainsi que 15 000 volontaires.

    Napoléon pourra ainsi compter au mieux sur 212 000 hommes aguerris début juin.
    Le territoire étant menacé, le ministre de la guerre mobilisera la Garde Nationale, soit un peu plus de 100 000 hommes affectés à la défense intérieure des places fortes, ainsi que plus de 60 000 anciens militaires, chasseurs alpins et autres canonniers pour la surveillance et défense des frontières.
    Enfin, la conscription de la classe 1815 permettra la levée de 120 000 jeunes recrues qui ne combattrons pas en Belgique et serviront dans la réserve générale.


    Le recrutement des troupes et leur stationnement s'est réalisé au niveau d'une vingtaine de grandes "divisions" ou régions militaires regroupant plusieurs départements. (Il y en avait 32 en 1812 dont 10 dans les nouveaux départements  et 22 divisions en 1815(4) )

                                                                     Carte des Divisions militaires en 1814-1815(5)

    Introduction



    L'armée de l'époque Napoléonienne (et de la 1ere Restauration) est constituée de forces terrestres composées d'unités d'Infanterie, de Cavalerie et d'Artillerie, auxquelles s'ajoutent le Génie, le Train et l'Etat-Major.

    Durant la 1ere Restauration et l'année 1815, l'armée compte 105 régiments d'infanterie et 57 de cavalerie.

    Chaque régiment d'infanterie regroupant 2 à 5 bataillons de 600 hommes et officiers environ.

    Chaque régiment de cavalerie regroupant 2 escadrons de 150 cavaliers et officiers;

    Deux régiments formaient une brigade, et deux brigades une division. (soit 3000 à 7000 hommes par division selon le nombre de bataillon et leurs effectifs: régiment à 2 ou 3 bataillons, bataillons complets ou non)

    On trouve également dans l'ouvrage de Henri Couderc de St Chamant de 1902, "Napoléon ses dernières armées" les listes des  régiments des différentes armes, leurs villes de dépôt, leurs effectifs le 1er janvier 1815.

    Le regroupement de ces données par département puis par région militaire de l'époque permet d'obtenir le tableau de synthèse ci-dessous. Les effectifs sont donnés hommes de troupe et officiers inclus, sans que l'on sache s'il s'agit d'effectifs théoriques ou disponibles à cette date.

     

    Introduction

     


    4)    Les armées françaises des 100 jours.
     

    Dès son retour dans la capitale, l'Empereur entreprend avec Davout, son ministre de la guerre, le renforcement des effectifs de l'armée héritée des royalistes.

    • La centaine de régiments d'infanterie est répartie en 25 puis 28 divisions

     

    • A partir du 26 mars, Napoléon reforme 7 Corps d'Observation aux frontières et un Corps de réserve à Paris :

      1er Corps à Lille                   (D'ERLON)     = 16 Régiments d'Infanterie et 6 de Cavalerie
      2ème Corps à Valencienne (REILLE)        = 16 RI & 3 RC
      3ème Corps à Mézières       (LEBRUN)      = 12 RI & 6 RC
      4ème Corps à Thionville     (GERARD)      = 12 RI & 6 RC
      5ème Corps à Strasbourg    (SUCHET)      = 12 RI & 6 RC
      6ème Corps à Chambéry     (DESSAIX)     = 16 RI
      7ème Corps des Pyrénées   (CLAUSEL)     = 12 RI & 3 RC
      8ème Corps à Paris              (LOBAU)         =   9 RI & 3 RC
      plus une cavalerie de réserve de 24 régiments (12 Cuirassiers, 12 Dragons)
      soit un total de 105 régiments d'infanterie et 57 de cavalerie qui regroupent théoriquement 240 000 hommes  environ. Les régiments ne comprenaient que leur deux premiers bataillons, et pas au complet.
       
    • Le 31 mars, les 6è et 8è corps permutent.(le Corps de Dessaix à Chambery devient le 8éme)

     

    • Les menaces aux frontières de l'Italie, de la Suisse, de l'Allemagne, de l'Espagne, l'agitation royaliste en Provence et surtout en Bretagne obligent Napoléon à modifier l'organisation et la répartition de ses troupes;                           De plus celui-ci possèdent également des informations sur les plans d'invasion des alliés dès le courant d'avril.

     

    • Par décret du 30 avril 1815 les Corps d'Observation deviennent des Armées:

      1er, 2ème, 3ème, 6ème Corps & la réserve de cavalerie = Armée du Nord

      4ème Corps = Armée de Moselle (Général GERARD)

      5ème Corps = Armée du Rhin  (Général RAPP)

      7ème Corps = Armée des Alpes (Général SUCHET)

      et formation de 3 puis 4 nouveaux Corps d'Observation:

      1er Corps d'observation du Jura  à Belfort      (Général LECOURBE)  = 18e division de 9 bataillons

      2ème Corps d'observation du Var  à Chambéry  (Maréchal BRUNE) = 24e & 25 division soit 16 bataillons d'infanterie, 3 escadrons de chasseurs, 6 bataillons de Gardes Nationaux.

      3ème Corps d'observation des Pyrénées orientales  (Général DESSAIX)  = 8ème Corps d'observation de Chambery  = 26e division de 11 bataillons, 3 escadrons de chasseurs 

              4ème Corps d'observation des Pyrénées occidentales  (Général CLAUSEL)

    • Puis en mai, des troupes sont prélevées dans différents corps pour constituer une "armée de la Vendée" sous le commandement du Général Lamarque face aux royalistes de l'ouest.
       

    En plus du manque d'effectif, l'un des problèmes de cette nouvelle armée des 100 jours a été l'encadrement:

    Beaucoup d'officiers ayant ralliés Louis XVIII ne furent pas conservés ou refusèrent de renier leur serment au roi.

    Au plus haut niveau, seulement trois maréchaux participèrent directement à la campagne de 1815.
    Berthier, Marmont, Victor avaient suivi Louis XVIII à Gand. Augereau et Pérignon furent radiés. Kellermann, Gouvion Saint-Cyr, Sérurier, Oudinot furent jugés peu sûr. Moncey préféra ne pas reprendre du service. Lefebvre était trop âgé, Masséna était blessé, Mortier malade. Napoléon ne voulait pas de Murat après son "cavalier seul" napolitain.

    Il restait Jourdan qui dirigea la place de Besançon, Brune au 9ème corps du Var, Davout au ministère de la guerre, enfin Grouchy, Soult et Ney qui seuls accompagnèrent Napoléon en Belgique.
    Soult fut curieusement nommé Chef d'Etat-major mais il n'eut pas l'efficacité de Berthier. Beaucoup lui imputent les nombreuses erreurs de transmissions, cafouillages et problèmes de liaisons.
    Michel Ney était connu pour sa bravoure mais certainement pas pour son génie stratégique; Napoléon ne se résout à l'employer qu'au dernier moment de la campagne, faute d'autre meneur d'hommes(8) .
    Emmanuel de Grouchy, le dernier maréchal nommé par Napoléon, avait été longtemps l'adjoint de Murat et savait manœuvrer les grandes masses de cavalerie.
     


     

     

    Sources et notes:

    (1) Lentz, Thierry, Nouvelle histoire du Premier Empire. IV. Les Cent jours (Paris 2010) 462
    (2) Henri Couderc de St Chamant , "Napoléon ses dernières armées", Paris, 1902,  p475 (selon les archives militaires)
    (3) Bonaparte - "Mémoires pour servir à l'Histoire de France en 1815" - Paris - 1820
    (4)  la 17ème division militaire était celle d'Amsterdam jusqu'au début  1814, et n'existe plus en 1815.
    (5) Par le Traité de Paris de 1814, le territoire français est amputé de l'est  de la Savoie, ainsi que de tous les nouveaux départements . En revanche, les départements des Ardennes, de la Moselle et du Bas-Rhin étaient encore un peu plus étendus vers le nord et comprenaient Philippeville,  Sarrebruck et Landau respectivement.

    (6)  Henri Couderc de St Chamant , "Napoléon ses dernières armées", Paris, 1902,  p475
    (7)  "Mémoires pour servir à l'histoire de France en 1815, sous Napoléon, écrits à Sainte-Hélène, par les généraux qui ont partagé sa captivité " - Paris - 1820
    (8)  Le jugement à posteriori de Napoléon est sévère: "Ney n'avait pas d'esprit, ni de courage moral... je n'aurais jamais dû le nommer maréchal...c'est un hurluberlu...un homme à vous ouvrir le ventre, s'il avait avantage..."

     

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